samedi 6 septembre 2014

Histoire : le Jarret dévalait-il la Canebière ?


Dernière mise à jour de cet article : 14 février 2015

Au Moyen-Age,  connu sous les noms de Gerre, Gerrenus, Geirrenus ou Girrenus,  le Jarret était encore qualifié comme au temps des Romains de « rivière considérable ». Il est mentionné en 1020 dans une charte en latin traitant de donation d’un moulin à l’abbaye de Saint-Victor par le Vicomte de Marseille « Ubi Gerrenus fluvius cadit in bedale de supradicto molendino ad Gadium Havelnæ ».  
Le Fluvius Gerrenus descendait la pente de la Canebière (la vallée de Saint-Bauzile dite également vallée Longchamp) et rejoignait  la mer au niveau du Vieux-Port. Comme le décrit Christophe de Villeneuve dans la Statistique des Bouches-du-Rhône (1821 - volume 1), le Jarret « coulait de Saint-Just dans la vallée qui est à droite du chemin de la Madeleine en venant des Chartreux, passait au Chapitre, aux Allées de Meilhan, à la rue du Tapis Vert où il s’étendait en un vaste marais depuis le bas de la montée de la rue d’Aix jusqu’à la place de Castellane ». 

Villeneuve précise dans la Statistique de 1826 qu'en raison de l'enlisement du port, "à une époque qui n’est pas connue, il fut détourné de ce cours naturel par ce que ses atterrissements comblaient le port, et on le dirigea vers l’Huveaune qu’il joint en dessous de Montfuron. Ce cours est celui d’un ancien béal (ndlr : un canal d'irrigation ou de dérivation dit bial en occitan), mentionné dans les anciens titres, qui avait été détourné de Jarret par les moines de Saint-Victor pour que les moulins qu’ils avaient établis au-dessous de Saint-Just. Le béal est devenu le lit du ruisseau, et l’ancien lit est en partie occupée par le grand aqueduc de la ville, et en partie par les canaux d’arrosage des jardins situés au-dessous du chemin de la Madeleine jusqu’au Chapitre".
En 1030, les moines de Saint-Victor écrivent sur l'importance des eaux du Jarret pour activer les moulins.
En 1960, dans sa thèse de doctorat en droit à l’université d’Aix-Marseille «Les eaux publiques à Marseille avant le canal de la Durance », Gérard Martel-Reison s’est attaché à démontrer que ce cheminement du ruisseau était une dérivation réalisée au XIIIè siècle sur la Jarret à des fins agricoles.
Il est intéressant de noter que le Jarret qui transportait tous les résidus des jardins était dénommé en provençal "lou vallat dei cougourdo",  traduire le ruisseau des courges. 

Un article de la Revue Méditerranée, numéro 3.4, 1995 intitulé « Le fond du Vieux-Port à Marseille, des marécages à la place Général-de-Gaulle » traite des fouilles entreprises place Charles-de-Gaulle. L’auteur, Marc Bouiron écrit « Lorsque les Grecs s'installent à Marseille, le site de la place Général-de-Gaulle est proche du rivage ; un atterrissement lent lié sans doute à la présence d'un thalweg - le fameux ruisseau s'écoulant dans l'axe de la Canebière (Rambert, 1927)[1]-  a modifié progressivement le tracé du littoral. A la fin du Ve s. av. J.-C, débute l'aménagement de la partie sud-est de la ville, jusqu'alors formée d'un marécage côtier ».

En 2001, dans les  actes du colloque de Marseille tenu en 1999 « Trames et paysages urbains de Gyptis au roi René », Marc  Bouiron et Louis-François Gantès  rappellent  dans  leur «Topographie initiale de Marseille» que : « Il est probable qu’il a existé un ruisseau, comme dans les vallons de la Joliette et de Morier, car le bassin versant est ici plus important ».





[1] Marc Bouiron fait référence à Gaston Rambert, Esquisse historique des eaux de Marseille, 1927.

dimanche 22 juin 2014

Histoire : quand le Jarret propage le choléra


Dernière mise à jour : 27 août 2014.
Après avoir subi une épidémie de variole en 1827 et 1828 (1504 victimes à Marseille), une grande partie de la Provence est touchée par le choléra à partir de 1832. La fin de l’automne 1834 est marquée à Marseille par des pluies incessantes et des orages qui entraînent le débordement du Jarret, atteignant les propriétés limitrophes. L’eau contaminée qui constitue le premier vecteur de diffusion de la vibrio cholerae a été à l’origine d’une épidémie qui dura 111 jours.

Le 7 décembre 1834, le plâtrier Sardon qui demeure Chemin Neuf de la Magdeleine (aujourd'hui boulevard de la Libération) meurt du choléra. Il est le premier d’une longue liste de 865 personnes décédées jusqu’en mars 1835.
De 10 000 à 12 000 Marseillais s’éloignent de la ville qui compte alors 157 000 habitants. Ils seront encore plus nombreux quelques mois plus tard. Dans son ouvrage "Les calamités de 1834-35 à Marseille : la sécheresse, les inondations, le choléra-morbus et leurs suites", Emmanuel Jean Letallec raconte que des Marseillais aggravent la situation en lavant le linge des malades dans le Jarret et l'Huveaune et facilitent ainsi la propagation de la maladie.
L’épidémie revient en juillet depuis Toulon et provoque 2576 morts sur 5199 personnes atteintes. L’exode s’amplifie. 25 000 personnes partent la seule journée du 25 juillet. La population marseillaise tombe ainsi à 60 000 habitants.
Marseille sera de nouveau atteinte par le choléra en 1884. La relation entre choléra, Jarret et Huveaune sera faite. La bactérie vibrio cholerae, dite bacille virgule, a été découverte par l'italien Filippo Pacini en 1854 et redécouverte par Robert Koch en 1883. Depuis 1965, le nom officiel de la bactérie est "Vibrio cholerae Pacini 1854".

Sources :
Les épidémies de choléra de 1834 et 1835 à Marseille – Professeur Georges François  http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_cholera.pdf 
Les épidémies à Marseille au XIXè siècle, Marc Morillon , Bertrand Mafart,  Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 1998, volume 10 Numéro   10-1-2
Les calamités de 1834-35 à Marseille : la sécheresse, les inondations, le choléra-morbus et leurs suites" - Emmanuel Jean Letallec - Comité du Vieux Marseille 1980 
 

mercredi 29 janvier 2014

Dans le quartier, la renaissance du palais Longchamp : le musée des Beaux-Arts

Fermé en 2005, le musée des Beaux-Arts de Marseille retrouve sa place au palais Longchamp le 1er février 2014.
Impossible de présenter dans les deux salles du musée l'ensemble des collections permanentes (quatre siècles d'art européen de 1500 à 1900 avec 300 sculptures, 2000 tableaux et plus de 3000 autres œuvres et dessins).

Deux cents chefs-d'œuvre sont présentés.  Carrache, Champaigne, Corot, Courbet, Daubigny, David, Greuze,­ Puget, Puvis de Chavanne, Rubens sont au nombre des prestigieuses signatures.


"La ravaudeuse" signée Françoise Duparc
a été choisie pour l'affiche du musée sur les chefs
d'œuvres des ses collections. Voir également dans ce blog

Histoire : Françoise Duparc au temps de Jean-Jacques Rousseau

Pour voir et savoir, ouvrir ce lien : collections-permanentes


mosaïque du péristyle du palais Longchamp