jeudi 2 avril 2015

Histoire : Promenades marseillaises (en cours de rédaction)




Extrait du Plan de la ville de Marseille de ses faubourgs et bastides donnant les plans détaillés de son lazaret, principaux monumens [sic] et endroits remarquables
dressé par Vicq, graveur-éditeur ; écrit par Mlle Vicq – édité en 1841.
En haut de cette carte les allées de Meilhan ne sont pas encore réunies à la rue Noailles et à la Canebière. C'est en 1859 que le conseil municipal vote l'élargissement de la rue Noailles qui de 8 mètres passe à 30 mètres. Les Allées vont de l’ancienne porte de Noailles à la porte de Sainte-Magdeleine (place Stalingrad) et sont conçues comme un lieu de promenade,  leur aménagement a été autorisé par un arrêté du conseil de la ville le 8 octobre 1761. Les arbres ont été plantés en 1774. Elles sont terminées en 1775 grâce à l'aide de l’intendant de Provence Gabriel Sénac de Meilhan. Depuis, en remerciement, les allées portent son nom. A gauche, la Plaine. En bas de la carte le vieux chemin et le chemin neuf de la Madeleine. Le chemin vieux de la Magdeleine forme une branche avec la rue Consolat. Il porte aujourd'hui le nom de rue Léon Bourgeois. Ce plan doit être une mise à jour du document de 1841, année pendant laquelle Maximin-Dominique Consolat agissait encore dans ses fonctions de maire de Marseille (de 1831 à 1843). Il est donc vraisemblable que la rue Consolat portait un autre nom. Le Chemin neuf de la Madeleine, à présent boulevard de la Libération général de Monsabert, a été ouvert en 1788.
Pour accéder à la carte entière : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530876475.r=marseille.langFR
" La Plaine s’abaisse par divers points sur le beau quartier des Allées.
Carte postale de 1906 mise en vente sur Delcampe,
site communautaire international de collectionneurs de cartes postales
Nous ne décrirons pas cette charmante promenade, il n’est point d’étranger qui n’ait respiré la fraîcheur sous les arbres qui la décorent, et qui n’ait remarqué l’effet pittoresque que produit, à l’extrémité du triangle, cette fontaine couverte de mousse et ombragée par les saules pleureurs.

Paul Camille Guigou (1834-1871) a représenté La Canebière, vue des allées de Meilhan
Les Allées ne sont pas la seule promenade publique que Marseille possède ; au-dessus est celle de la Madeleine, terminée par le Jardin des Plantes. " (L’hermès marseillais ou guide des étrangers à Marseille et dans le département des Bouches-du-Rhône Marseille, chez Camoin. 1826)
Au centre, la Chemin neuf de la Madeleine en 1845. A droite, l'ancienne chapelle des Augustins Réformés dédiée à Saint Nicolas de Tolentino séparée du Chemin neuf de la Madeleine par le cours Devilliers aujourd'hui boulevard Franklin-Roosevelt continué par la rue Devilliers. Construite au début du XVIIe siècle, l'église a été détruite et remplacée par l'église actuelle des Réformés dont la première pierre a été posée le 22 avril 1855. A gauche, l'ancien Chemin de la Magdeleine (rue Léon Bourgeois) prolongé par la rue Consolat.



Le Chemin de la Madeleine aboutit au Col de la Madeleine où viennent se croiser plusieurs routes. L'emplacement longtemps appelé les Quatre chemins des Chartreux (les Cinq Avenues) donnait directement sur le modeste Hameau de la Madeleine rassemblé autour d'une église du XVe siècle détruite par la Révolution. On apprend dans les "Documents relatifs à la vente des biens
nationaux dans le département des Bouches-du-Rhône" regroupés en 1908 à la demande du ministère de l'Instruction publique par Paul Moulin qu'il y avait également un moulin à eau et son logement, plus un moulin à vent dit de Matalian au quartier de la Magdeleine.

En poursuivant vers l'est, la pente descends vers le Jarret signalé sur les cartes anciennes sous le nom de ruisseau de Jarret.
" Le cours du Jarret a conservé longtemps son caractère champêtre, inondant de ses crues saisonnières de vastes prairies où venaient paître vaches, chèvres et moutons."  (Le Quartier de la Blancarde hier et aujourd'hui, Albert Bodin, 1983)
" On remonte les bords du ruisseau de Jarret qui sont fort agréables et plantés de saules qu’on ébranche toutes les années pour avoir les baguettes dont on se sert dans les ouvrages d’osier. Les plantes fluviatiles sont très-abondantes et assez variées. La Menthe sauvage tapisse les bords du ruisseau. Vient ensuite une pelouse de petit gazon émaillée de fleurs dont les plus communes sont les Géraniums, les Marguerites, les Boutons-d’or, les Pissenlits, etc." (Statistique des Bouches-du-Rhône, Christophe de Villeneuve-Bargemon, 1821, tome Premier. Les majuscules des noms de plantes sont reprises telles qu'écrites dans le texte original).


Un pont permettait aux habitants des quartiers de Saint-Barnabé, Saint-Julien, les Caillols et d'autres de traverser le Jarret et les conduire au Hameau de la Madeleine.  Au XVIIIe siècle, et plus tard, des murs longeait parfois le Jarret. Ils clôturaient, par exemple, rive droite, les terres de la Chartreuse et, rive gauche, entouraient la propriété du Monsieur de Cuers.

C'est ce que nous apprend le "Journal du Palais de Provence ou Recueil des arrêts rendus depuis les derniers journalistes par le Parlement et la Cour des Aides de cette province" par Me Janety, 1775-1784 ; Vol.3 : 1779 dans lequel on peut lire  :

" Il existoit dans le terroir de Marseiffe un chemin voisinal, qui du pont tranfversal du torrent appelé Jarret, conduisoit au hameau de la Magdeleine, & qui étoit également utile & commun à tous les poffédans-biens des quartiers de Saint-Barnabé, Saint-Julien, les Cayols & autres. Ce chemin voisinal, situé entre le domaine du fieur de Cuers et celui des Pères Chartreux était cotoyé de murailles dont ces propriétraires avoient refpectivement clos leur poffeffion."
Ces murs et ce chemin "voisinal" se retrouvent dans des photographies du début du XXe siècle :


Cette photographie du Jarret illustre un récit du meurtre à la Blancarde, http://www.geneprovence.com 
Jean Contrucci utilisera ce fait divers pour écrire son roman "L'énigme de la Blancarde".
De hauts murs sont visibles sur les deux rives du Jarret canalisé.

Carte postale oblitérée en 1905 mise en vente en 2009 sur Delcampe,
site communautaire international de collectionneurs de cartes postales.
Un haut mur est visible sur la rive gauche du Jarret
Les alentours du Jarret étaient un lieu de villégiature prisé des Marseillais. La description qui suit, extraite du Dictionnaire des villes, villages et hameaux du département des Bouches-du-Rhône, tome 1, Alfred Saurel, 1877, situe le narrateur à Longchamp sur la partie la plus haute du jardin zoologique fondé en 1854 par une société privée, sur l’initiative de MM. de Montricher, Marcotte, Lucy, et quelques autres personnes.

« Placé sur le plateau le plus élevé du jardin, le promeneur voit se dérouler à ses pieds la fraîche vallée des Chartreux, que sillonne, sous une voute de saules, de peupliers et de frênes, le paisible ruisseau du Jarret. Des centaines de bastides s’élèvent coquettement sur les hauteurs voisines et montrent leurs blanches murailles à travers les éclaircies des grands arbres. Par-delà ce rideau de verdure, les coteaux chargés de pinèdes embaumées et d’habitations pimpantes, s’étages et se poursuivent jusqu’au pied des montagnes qui circonscrivent la banlieue de Marseille et dont les cimes dentelées se dessinent sur le bleu du ciel.

M. Héricart de Thury constate en 1852 dans l' "Etat de l’horticulture à Marseille et dans le département des Bouches-du-Rhône" paru dans les Annales de la Société d’Horticulture de Paris et Journal spécial de l’Etat et des Progrès du Jardinage – tome X : "Couverts d’une foule innombrable de maisons de campagne connues sous le nom de bastides, les environs de Marseille forment un immense jardin divisé à l’infini en autant de petits jardins".

Dans son Voyage dans le Midi de la France, Stendhal parle des bastides marseillaises : « Il y en a bien cinq à six mille dans les environs de Marseille. De tous côtés, on voit ces petites maisons d’une blancheur éclatante qui se détachent sur la verdure pâle des oliviers. »

      
Cachée derrière le "MacDo" à l'angle des boulevards de la Blancarde
et Françoise Duparc, cette maison construite au bord du Jarret va perdre
son architecture équilibrée. Devenue un abri maternel,
elle sera surélevée pour accueillir six appartements supplémentaires.


Maison bourgeoise, rue Jean.
Sur le chemin des anciennes bastides, deux mondes se font face le long de la traverse Cas.


Les demeures préservées sur les hauteurs de la Blancarde



Les demeures préservées sur les hauteurs de la Blancarde

à suivre...










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